Née le 14 août 1963 à Saint-Tropez, fille du chanteur Guy Béart et d'un ancien mannequin, Emmanuelle Béart, de par les connexions de ses parents avec le milieu du spectacle (elle vit avec sa mère), tourne, enfant, dans Demain les mômes, sorte de fable d'anticipation utopiste, dont l'actrice dira plus tard n'en garder aucun souvenir. A l'âge de 15 ans, la voilà qui s'envole pour le Canada, où elle apprend l'anglais et passe son baccalauréat. De retour en France, elle se lance dans l'apprentissage de l'art dramatique sous la houlette de Jean-Laurent Cochet, et trouve rapidement un premier rôle dans Un amour interdit, où elle joue une jeune femme qui intègre un couvent par dépit amoureux. Emmanuelle est nommée au César du Meilleur espoir féminin dans la foulée, mais il faudra attendre trois ans, pendant lesquels elle tourne pour la télévision (les téléfilms "Raison perdue", "La femme de sa vie", Zacharius"...) pour la retrouver sur grand écran, via son rôle marquant de Manon, la jeune fille sauvage de Manon des sources, de Claude Berri. Désormais célèbre, via le triomphe du film et un César du Meilleur second rôle, elle retrouve Edouard Molinaro (qui en avait fait une call-girl dans L'amour en douce, en 1984) pour la comédie A gauche en sortant de l'ascenseur. C'est au cours du tournage de ce film qu'elle rencontrera Daniel Auteuil, qui partagera sa vie pendant plusieurs années, et l'affiche de certains de ses films. Enchaînant théâtre ("La répétition ou l'amour puni", "La double inconstance", "Le misanthrope") et cinéma, elle est méconnaissable en adolescente tourmentée qui se sort d'une névrose grâce au théâtre dans Les enfants du désordre. Coup d'éclat au Festival de Cannes 1991, où elle apparaît, croquée par un peintre dans son plus simple appareil dans La belle noiseuse de Jacques Rivette. Prostituée blessée par le destin dans J'embrasse pas, violoniste amoureuse d'un homme fermé à l'amour dans Un cœur en hiver, lolita suscitant l'amour de son mari dans L'enfer, femme libérée avant l'heure (le milieu du XXe siècle) dans Une femme française, Emmanuelle Béart incarne depuis le début des années 90 l'éternel féminin à la française, libre et rebelle, farouche mais toujours sensuelle... Elle retrouve par la suite Claude Sautet pour Nelly et M. Arnaud, où, secrétaire un peu paumée, elle ravive les souvenirs de jeunesse d'un vieil homme joué par Michel Serrault, puis trouve son premier rôle en anglais dans Mission : impossible. Sa carrière internationale semble pourtant se faire désirer, en dépit d'un rôle dans une production américaine indépendante, Elephant Juice. Sœur pleine de vie dans Voleur de vie (aux côtés de Sandrine Bonnaire), Gilberte, fille de Swann et d'Odette dans Le temps retrouvé, d'après Proust, névrosée hyperactive dans La bûche (sans doute un de ses meilleurs rôles), Emmanuelle Béart incarne aujourd'hui, à l'âge de la maturité, l'objet de toutes les affections du personnage campé par Charles Berling dans Les destinées sentimentales. On devrait la retrouver dans le prochain film de Jacques Rivette, Va savoir !
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