Né le 4 mai 1951 à Paris, Gérard Jugnot découvre sa vocation de comédien au contact de ses camarades de classe du lycée Pasteur de Neuilly, qui ne sont autres que Christian Clavier, Thierry Lhermitte et Michel Blanc. Il les suivra, au début des années 70, dans l'aventure du Splendid, un café-théâtre qu'ils montent de leurs fébriles mains et au sein duquel il créent leurs premières pièces. C'est là que Jugnot apprend son métier, participant activement à l'écriture des pièces et tournant parallèlement beaucoup dans de très nombreux films pendant toutes les années 70. Mais son physique – ingrat ? – de petit rondouillard moustachu lui vaut surtout pléthore de troisièmes rôles, caissiers, serveurs, guichetiers et autres garçons d'étage qui font le bonheur des directeurs de casting d'alors. C'est do,nc véritablement au théâtre qu'il fait ses armes, mais décroche bientôt la vedette des Héros n'ont pas froid aux oreilles, sur grand écran, en 1978. Le premier film de Charles Nemes, autre ex-étudiant du lycée Pasteur de Neuilly, qui lui avait auparavant confié le premier rôle de son court métrage Un bol d'air. Premier gros film, donc, pour Gérard Jugnot, et premier rôle de loser, aux côtés de Daniel Auteuil, qui joue comme lui un guichetier de banque, tous deux partis en voiture au bord de la mer... qu'ils n'atteindront jamais. Il ne faudra pas attendre longtemps pour que Jugnot décroche son premier triomphe populaire : en portant à l'écran, sous le titre Les bronzés, leur pièce "Amours, coquillages et crustacés", toute l'équipe du Splendid cartonne dans l'humour vachard, croquant avec acidité les travers d'un Club Med sénégalais. Une fois de plus, Jugnot est le Français moyen type, râleur et vantard, qui sera désormais sa marque de fabrique. Après une suite hivernale à ce film, Les bronzés font du ski, le Splendid se retrouve à nouveau pour le désormais culte Le père Noêl est une ordure, autre adaptation d'une de leurs pièces à succès, dans laquelle Jugnot tient le rôle ingrat dudit père Noël, alias Félix, mari violent et jaloux de la pauvre Zézette. Mais il sera aussi le braqueur pathétique de Pour cent briques, t'as plus rien, le collabo abject de Papy fait de la résistance, ou le bodyguard amoureux de Jane Birkin dans Le garde du corps... 1982, c'est l'année où le comédien se produit dans son premier one-man-show, "Enfin seul !". Mais il y a plus important : il est grand temps, pour Gérard Jugnot, de passer derrière la caméra afin de mettre en images ses propres scénarios. Il sera d'ailleurs le premier de l'ex-bande du Splendid à devenir réalisateur, tournant, avec Pinot simple flic une comédie douce-amère sur la police française, qui tranchait avec l'humour franc de ses précédents films. Dès lors, Jugnot alternera ses propres films (où il s'octroie généralement le premier rôle) avec ceux des autres. Il réalise ainsi Scout toujours..., regard acide sur le merveilleux monde des crapahuteurs en culottes de velours, puis donne dans la comédie moyen-âgeuse avec Sans peur et sans reproche, puis s'ouvre aux problèmes de société en décrivant, avec force, l'univers des clochards parisiens dans Une époque formidable..., et en s'attaquant successivement aux voyages organisés qui tournent mal dans Casque Bleu, puis aux ravages des sectes via Fallait pas !.. Inévitablement sous le signe de la comédie, il réussit généralement à rallier un large public. Sous le regard des autres réalisateurs, Jugnot trouve son premier rôle dramatique (et en profite pour se raser la moustache) dans le très beau Tandem de Patrice Leconte, road-movie cahotique de deux animateurs radio sur le déclin, dont il partage l'affiche avec un Jean Rochefort inoubliable. Il échange aussi sa vie avec son frère dans Les clés du paradis, trimballe une mamie (jouée par Suzanne Flon) au Vatican dans Voyage à Rome, arnarque les touristes à Tahiti dans Les faussaires, transporte, bien que bel et bien mort, un homme d'affaire dans sa limousine dans Fantôme avec chauffeur, ou bien psychanalyse gaiement une jeune fille névrosée dans Oui, mais... Voici deux ans, il portait un regard acide sur le monde du cinéma avec Meilleur espoir féminin, dans lequel il incarnait un coiffeur breton dont la fille (jouée par Bérénice Bejo) entamait vaillamment une carrière d'actrice. Après ce joli succès, Gérard Jugnot renoue aujourd'hui avec une veine plus intimiste et plus grave, avec Mr. Batignole, épopée d'un charcutier parisien (évidemment interprété par ses soins) et qui, sous l'Occupation, décide de sauver un enfant juif.
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