Actrice française née Colette Suzanne Jeanne Dacheville le 2 novembre 1932 à Versailles. Ses études secondaires achevées, elle suit des cours d'art dramatique avec Charles Dullin, Tania Balachova et Michel Vitold. Elle débute au théâtre dans des pièces de Shakespeare ("Jules César", "Macbeth") puis à la télévision et enfin au cinéma en 1958 dans LA BONNE TISANE de Hervé Bromberger. Après avoir divorcé d'avec Jean-Louis Trintignant, elle épouse, en 1964, Claude Chabrol, qui lui avait confié des rôles importants dans plusieurs de ses films, LES COUSINS, LES BONNES FEMMES, LES GODELUREAUX, L'‘IL DU MALIN, LANDRU, LE TIGRE AIME LA CHAIR FRAÎCHE... En 1968, Stéphane Audran obtient le prix de la meilleure actrice au Festival de Berlin pour LES BICHES, où elle a pour partenaire... Jean-Louis Trintignant. Dès 1972, elle commence une carrière aux États-Unis sous la direction de Samuel Fuller dans UN PIGEON MORT DANS BEETHOVEN STREET. Elle obtient le César du Meilleur Second Rôle féminin pour son interprétation de la mère d'Isabelle Huppert dans VIOLETTE NOZIÈRE. Quelle autre comédienne française que Stéphane Audran peut s'enorgueillir du titre de chevalier du Dannebrog, la Légion d'honneur danoise ? Elle a en effet reçu cette distinction plutôt " exotique " grâce au succès mondial - et à l'imprévisible ampleur ! - du FESTIN DE BABETTE. Ce petit film sans grands moyens, œuvre d'un quasi-inconnu, Gabriel Axel, au sujet a priori austère, plongeait au cœur d'une communauté luthérienne du Jutland, rigoriste et puritaine, une Française fuyant la répression de la Commune de 1871. Entrée au service de deux sœurs strictes et guindées, elle leur offrait, après un gain à la loterie, un " vrai repas français " et les soumettait, ainsi que leurs invités, à une tentation de bonne chère aussi raffinée qu'irrésistiblement voluptueuse. Stéphane Audran incarnait ce personnage avec une évidente jubilation; le film, simple et émouvant, fut récompensé en 1988 de l'Oscar du meilleur film étranger et lui rapporta plusieurs prix d'interprétation. Beau point d'orgue d'une carrière très contrastée, où les seconds rôles d'excentriques, volontiers perverses ou dégénérées, avaient succédé aux compositions de bourgeoises bovarysantes des années soixante-dix. Depuis 1980, Stéphane Audran avait en effet enchaîné des prestations colorées et souvent antipathiques : de l'épouse vulgaire et frivole de Philippe Noiret dans COUP DE TORCHON à la belle-mère envahissante de Patrick Dewaere dans PARADIS POUR TOUS, de la modiste sans scrupules du SANG DES AUTRES, qui vit avec un général de la Wehrmacht, à la mystérieuse " Dame grise " de MORTELLE RANDONNÉE, en passant par la nymphomane des SAISONS DU PLAISIR et, surtout, la fausse paraplégique, indiscrète et revêche, de POULET AU VINAIGRE, réalisé par son ancien pygmalion, Claude Chabrol. Divorcés en 1982, tous deux continuaient à travailler régulièrement ensemble : retenons de leur collaboration BETTY, où elle interprète Laure, l'élégante veuve qui recueille dans son hôtel de Versailles l'héroïne, brisée et en état d'alcoolisme avancé, (jouée par Marie Trintignant). Laure se sacrifie lorsque Betty lui vole son amant, elle se retire dignement du jeu et se laisse mourir afin que sa protégée survive. C'est l'un des plus beaux rôles de la période pour Stéphane Audran, qui tourne alors fréquemment à l'étranger, en particulier dans des films américains indépendants, et pour la télévision. Elle apparaît au petit écran entre autres devant la caméra de Chabrol ("Les Affinités électives", 1981; "L'Escargot noir", 1987), et de Gérard Vergez ("Le Droit à l'oubli", en 1993) et dans le feuilleton à succès "L'Amour en héritage" en 1984. On la retrouve en 1994 dans la joyeuse troupe du PETIT MARGUERY de Laurent Bénégui. En patronne bienveillante et distinguée du restaurant éponyme, épouse patiente du cuisinier Michel Aumont, elle délaisse les rôles d'odieuses mégères dont elle s'était fait spécialité, pour des personnages plus attachants et moins archétypes.
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