Fille du réalisateur italien Dario Argento et de la comédienne Daria Nicolodi, Asia Argento, née le 20 septembre 1975 à Rome, a grandi dans la capitale italienne. Sa mère la pousse à effectuer ses études dans un lycée anglophone, toujours à Rome, mais Asia n'a qu'une envie : vivre sa vie. Et elle est précoce : entre 5 et 8 ans, elle écrit trois livres, dont un recueil de poésie qui sera publié. Mais le meilleur moyen d'exister, quand on vient d'une famille de cinéma, c'est évidemment d'en faire soi-même. La voilà donc à partager études et apparitions sur grand écran, alors qu'elle a à peine 12 ans, avec un goût prononcé (papa oblige ?) pour le macabre (Demoni 2, Sanctuaire...). En 1989, Nanni Moretti lui offre un petit rôle dans Palombella rossa (une expérience dont elle ne dira pas que du bien par la suite), mais c'est seulement sous l'impulsion de son père, qui lui offre le premier rôle de son thriller tourné aux Etats-Unis, Trauma, qu'Asia passe au premier plan. Elle a 17 ans et se décide à abandonner les études pour profiter pleinement de sa carrière de comédienne.
On la retrouve alors dans la comédie sentimentale Les amies de cœur, de l'acteur-réalisateur Michele Placido, elle traverse La reine Margot, de Patrice Chéreau, dans le rôle de Charlotte de Sauve, et, la même année (1994), réalise Prospettive, un court-métrage pour le film DeGenerazione. Elle accompagne ensuite Michel Piccoli dans un road-movie ferroviaire, Compagne de voyage, et trouve son plus grand rôle dans le très atmosphérique La sindrome di Stendhal, à nouveau sous la direction de son père, qui ne sortira en France qu'en vidéo. Elle y incarne une jeune étudiante en art souffrant du fameux syndrome de Stendhal, mal étrange qui donne l'impression d'être totalement aspiré par un tableau, de faire partie d’une œuvre d’art.
En 1999, les Français (re)découvrent la jeune comédienne grâce à la nouvelle version – hélas un peu ratée – du Fantôme de l'opéra, signée papa Dario, dans lequel la comédienne endossait la robe à froufrous de Christine Daaé, cantatrice passionnément aimée par un monstre hantant les toits de l'opéra de Paris. Star en Italie où elle a fait la couverture de nombreux magazines, auteur de nombreuses nouvelles publiées dans le magazine italien "Dynamo", elle s'exile finalement aux Etats-Unis pour New Rose Hotel (elle profitera d'ailleurs de l'occasion pour réaliser un documentaire sur Abel Ferrara), même si elle y avait déjà tourné, quelque temps auparavant, la comédie B. Monkey, dans laquelle elle partageait la vedette de ce banal petit polar avec Rupert Everett.
Passée de l'autre côté de la caméra pour un “documenteur” intensément personnel, Scarlet diva, dans lequel elle exorcise sa condition de star de cinéma et ses rapports avec ses parents, on la retrouve de nouveau actrice pour Antoine de Caunes dans Les morsures de l'aube, où elle incarne l'ambiguë et sulfureuse Violaine. Sulfureuse : un adjectif qui convient parfaitement à cette actrice par ailleurs insaisissable, étrange, introspective et extrêmement attachante, comme le démontre La sirène rouge, où elle incarne une femme flic acharnée à sauver la peau d'une jeune fille en cavale. Son actualité suivante est à cent lieues des choix habituels de la comédienne : c'est l'explosif XXX, film d'action musclé mené par Vin Diesel sous la direction de Rob Cohen. En 2004, elle retourne à la réalisation pour Le livre de Jérémie, d’après le roman du mystérieux J.T. Leroy, errance d'un enfant et de sa mère adolescente, et un an plus tard on l’aperçoit brièvement auprès de Michael Pitt dans Last days de Gus Van Sant, évocation des derniers jours d'une rock-star du grunge qui rappelle évidemment Kurt Cobain. Rôle plus conséquent dans la satire politique zombiesque Land of the Dead par le maître de l'horreur George A. Romero et – dans un genre sans doute très éloigné – Marie-Antoinette de Sofia Coppola, où elle incarne la comtesse du Barry et où, d'après nos dernières informations, seules les perruques y seraient poudrées. Entre-temps elle a tenu le double rôle d’un photographe et de son modèle dans le court métrage Cindy : The doll is mne, présenté à Cannes en 2005 et sorti en salles en France. Elle vient récemment d’achever le Transylvania de Tony Gatlif, aux côtés de Amira Casar, autre expérience extrême peu étonnante de la part d’une actrice... extrême.
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