Né le 26 août 1941 à Téhéran, en Iran, Barbet Schroeder débarque à Paris adolescent, et se lance dans une carrière de journaliste. Entre 1958 et 1963, il collabore ainsi aux magazines "Les cahiers du cinéma" et "L’air de Paris". Passionné de cinéma, il devient également l’assistant de Jean-Luc Godard sur Les carabiniers, et réalise deux courts métrages en 16 mm noir et blanc. En 1963, il crée la société de production Les Films du Losange et produit les deux premiers contes moraux d’Eric Rohmer : La carrière de Suzanne et La boulangère de Monceau, dans lequel il tient également le rôle principal. En vingt ans de carrière de producteur, des cinéastes tels que Wenders, Rivette, Rohmer, Pollet, Stévenin, Fassbinder ou Godard travailleront avec lui. Mais sa carrière, Schroeder va essentiellement la passer derrière la caméra. Dès 1969, il s'attelle à la réalisation avec More, un état des lieux des méfaits des drogues dures, bouleversant d'authenticité via la composition saisissante de Mimsy Farmer. Avec La vallée, il entraîne notamment Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon dans une expédition au cœur de la Nouvelle-Guinée. Dépaysement garanti... avant un changement radical de continent, direction la République Centrafricaine, où Schroeder va filmer les méfaits délirants et mégalomanes du Général Idi Amin Dada. Le documentaire, une seconde nature pour le cinéaste, qui tourne, en 1977, Koko le gorille qui parle, récit d'une expérience consistant à enseigner à un singe le langage des sourds-muets. Entre-temps, Schroeder aura plongé dans l'enfer des fantasmes sexuels avec Maîtresse, où Bulle Ogier, en dominatrix SM, entraîne le débutant Gérard Depardieu dans un univers de cuir, de latex et de souffrances exigées. Un film interdit aux moins de 18 ans, évidemment. Retrouvailles, en 1984, avec Bulle Ogier (la compagne du réalisateur) pour Tricheurs, dans lequel elle fait équipe avec Jacques Dutronc, direction tous les casinos de la planète qu'ils ont décidé de liquider au moyen d'une bille de roulette trafiquée. Le milieu des années 80 marque pourtant la rupture du réalisateur avec l'Europe. L'homme sans frontières part en effet pour les Etats-Unis, où il se fait la main sur Barfly, encore le récit d'une errance, cette fois celle, psychologique, d'un pilier de bar alcoolique incarné par un Mickey Rourke plus vrai que nature. Immédiatement remarqué par Hollywood, le réalisateur se lance sur son premier film de commande trois ans plus tard, le film de prétoire Le mystère von Bülow, dans lequel Jeremy Irons incarne un milliardaire allemand accusé du meurtre de sa femme et innocenté (à tort ou à raison) par un bataillon de jeunes avocats. Avec quatre nominations aux Oscars dont celui du Meilleur acteur décerné à Jeremy Irons, l'épreuve du deuxième film est passée comme une lettre à la poste pour Barbet Schroeder, qui se lance alors sur le thriller psychologique JF partagerait appartement, opposant la candide Bridget Fonda à sa colocatrice, la perverse Jennifer Jason Leigh. Suivra le film noir Kiss of death, le drame Before and after (dans lequel un couple enquête sur la disparition de leur enfant), et le thriller hospitalier L'enjeu, trois réalisations plus anodines à travers lesquelles Schroeder démontre cependant qu'il est aussi un “faiseur” de qualité. Et puis en 2000, changement d'univers avec La vierge des tueurs, réalisé en vidéo HD au cœur de Medellin, capitale colombienne (et mondiale) de la drogue. Le récit, d'après un roman de Fernando Vallejo, raconte les amours tourmentées entre un écrivain quadragénaire de retour dans sa ville natale et un petit voyou des rues. Un film âpre et charnel, où suinte la violence terrible d'une ville meurtrie. La parenthèse refermée, revoici Barbet Schroeder plus hollywoodien que jamais avec ces Calculs meurtriers, lesquels opposent Sandra Bullock à deux adolescents croyant avoir trouvé la formule du crime parfait...
|