Née le 1er mai 1956 à Paris d'un père ingénieur et d'une mère prof de maths, Catherine Frot possède, dès sa plus tendre enfance, la comédie dans le sang. Enfant, elle faisait déjà le clown pour ses petits camarades, et décide de s'inscrire, à l'âge de 14 ans, au Conservatoire de Versailles, dont elle suit les cours tout en continuant l'école. En 1974, elle rentre à l'école de théâtre de la Rue Blanche, puis enchaîne avec trois années au sein du Conservatoire national. Elle joue beaucoup de classiques puis devient la figure de proue de la troupe du Chapeau Rouge, qui se fait remarquer au festival off d'Avignon en 1975. Au théâtre, on la voit en petite servante dans "La cerisaie", de Tchekhov, puis elle est une madame de Tourvel passionnée dans "Les liaisons dangereuses", sous la direction de Gérard Vergez. Elle fait ses débuts au cinéma en tout petit sous l'égide d'Alain Resnais, puis joue une baba-cool dans Quand tu seras débloqué, fais-moi signe, son premier rôle important, avant d'incarner une voisine candide dans Escalier C. Un film au cours du tournage duquel elle fait la rencontre d'un certain Jean-Pierre Bacri et pour lequel elle est nommée au César du Meilleur second rôle féminin... Mais la carrière ciné de la frêle et douce Catherine ne décolle pas, alors que le théâtre la demande en permanence. Ce sera donc grâce aux planches que Catherine Frot gagnera ses galons de vedette, d'abord dans une certaine mesure pendant les années 80 ("La mouette", "Les liaisons dangereuses", "Faut pas tuer maman", "La tanière", "John Gabriel Borkman", "Passions secrètes"), mais surtout au milieu des années 90, grâce à la pièce "Un air de famille", signée Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. La transposition sur grand écran ne tarde pas à suivre, c'est un triomphe et Catherine Frot n'y est certainement pas pour rien : elle y est tout simplement géniale dans le rôle de Yoyo, la belle-fille un peu gauche, un peu niaise, mais tellement émouvante qu'elle empoche le César du Meilleur second rôle (après son Molière à l'occasion de la pièce). S'il fallait un seul rôle pour lancer une carrière, c'était bien celui-ci car depuis, la comédienne ne cesse de travailler : épouse modèle dans Paparazzi, femme allègrement trompée dans Ça reste entre nous puis dans La nouvelle Eve, maman d'une jeune fille qui se toque d'hypnose dans Dormez, je le veux !, elle est une maîtresse délaissée de Thierry Lhermitte (et troisième nomination aux César), organisateur du Dîner de cons. Après avoir enseigné les bonnes manières à la télévision via "Je vais t'apprendre la politesse", Catherine Frot trouve un de ses meilleurs rôles au cinéma en 1999 en incarnant de bout en bout et avec une fougue inoubliable La dilettante de Pascal Thomas : l'occasion comme jamais de briller en haut de l'affiche avec un rôle en or, celui de Pierrette, jamais abattue, jamais désemparée face aux aléas du destin. Après Un air de famille, Inséparables marque ses retrouvailles avec Jean-Pierre Darroussin : sur un registre plus intimiste, plus dramatique, ils incarnent un frère et une sœur ligués contre les atteintes de la vie. Après une courte – mais mémorable – participation à Mercredi, folle journée, où, au gré d'une scène de ménage avec Vincent Lindon, elle envoyait valser dans la rue toute la vaisselle plus quelques meubles, Catherine Frot revient, toujours en couple avec Lindon, mais cette fois en bourgeois parisiens dépassés par les événements dans Chaos. Elle donne ensuite la réplique à Lucas Belvaux dans Cavale, un thriller mis en scène par ce dernier, deuxième volet d'une trilogie ambitieuse. Psychanalyste gentille mais un peu flippée, dans le blockbuster surprise Chouchou, elle apparaît ensuite épouse en mal de flamme amoureuse aux côtés de Didier Bourdon dans la dernière réalisation de l'ex-inconnu, 7 ans de mariage puis dans la fantaisie au cynisme tordu sur les rapports érotico-amoureux, Eros thérapie avant de camper la mère autoritaire et vicelarde de Vipère au poing de Philippe De Broca et la frangine à la bonne humeur irritante d'Isabelle Huppert dans Les sœurs fâchées d’Alexandra Leclère. Bourgeoise provençale médicamentée retrouvant la joie de vivre au contact d'un Boudu en forme de Depardieu sauvé des eaux par son Gérard Jugnot de mari, dans Boudu, puis autre bourgeoise jouant les détectives dans l’adaptation par Pascal Thomas du roman d’Agatha Christie, Mon petit doigt m’a dit, on la retrouve aujourd’hui en fermière courage irrémédiablement attirée par son commis de ferme dans Le passager de l’été avant qu’elle ne revienne à l’affiche de La tourneuse de pages de Denis Dercourt et Odette Toulemonde de Eric-Emmanuel Schmitt. Chouette !
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