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Réalisateur, Acteur

Biographie

  Christian JAQUE


Christian Maudet est né à Paris en 1904. Ses études le conduisirent aux Beaux-Arts où il fit la connaissance de son ami Jacques Chabraison. Avec celui-ci, il put entrer comme affichiste chez First National et chez Erka Prodisco, deux maisons cinématographiques. C'est là qu'il choisit son pseudonyme en reliant par un trait d'union son prénom à celui de son ami. Au retour du service militaire, le réalisateur Henry Roussell leur propose les décors du film UNE JAVA, qu'il supervise. Leur travail ayant plu, André Hugon et Julien Duvivier s'assurent leur collaboration. Jacques Chabraison va bifurquer, Christian-Jaque décore neuf films de Hugon et trois de Duvivier. Dans le même temps, il s'initie au journalisme, crée la revue " Cinégraph " et, en 1932 passe derrière la caméra en signant BIDON D'OR, son premier film. Il va tourner, en huit ans, trente-deux films, contribuer à faire de Fernandel une grande vedette et réussir à la fin de la période d'avant-guerre une œuvre aussi estimable que LES DISPARUS DE SAINT-AGIL, aussi réussie dans ses limites que RAPHAÀL LE TATOUÉ. La confection à toute vitesse des vaudevilles et des mélos a fait de lui un excellent technicien dont Sacha Guitry a su se servir pour LES PERLES DE LA COURONNE. À la veille de la guerre, le prestige de Christian-Jaque s'est affirmé et son film L'ENFER DES ANGES devait figurer à l'affiche du premier Festival de Cannes. La déclaration de guerre anéantit tout cela et interrompit le film d'espionnage maritime qu'il avait commencé : TOURELLE TROIS, et dont il ne reste rien. Au début de l'Occupation, Christian-Jaque est l'un des premiers à être sollicité et à retravailler. Il signe alors L'ASSASSINAT DU PÈRE NOÀL où, de nouveau en compagnie de Pierre Véry, il ressuscite les féeries et la magie de l'enfance. Succès total que double bientôt le triomphe de LA SYMPHONIE FANTASTIQUE où souffle un enthousiasme romantique à propos de la vie de Berlioz. Les tracasseries allemandes le font partir en Italie pour y tourner CARMEN vue sous les traits de Viviane Romance. Sa virtuosité éclate dans l'attaque de la diligence, mais avec la complicité de Jacques Prévert il allait, dans l'hiver de 1944, réussir son film le plus chargé de poésie : SORTILÈGES. La Libération permet à Christian-Jaque de présenter une BOULE DE SUIF, pleine d'allusions aux événements et d'une verve corrosive. Verve que retrouve le dialoguiste Henri Jeanson en célébrant le retour en France de Louis Jouvet avec UN REVENANT, eau-forte satirique sur la bourgeoisie lyonnaise. Des entreprises hasardeuses le font piétiner (LA CHARTREUSE DE PARME, SINGOALLA), mais trois films aussi brillants que SOUVENIRS PERDUS, BARBE BLEUE et surtout FANFAN LA TULIPE en font le type même du réalisateur français vif, moqueur et qui remporte les suffrages de tous les publics; les Soviétiques, notamment, qui firent un triomphal accueil à FANFAN LA TULIPE et à son interprète, l'irrésistible Gérard Philipe. Puis vient pour le réalisateur l'époque Martine Carol pour laquelle il déploie tous les artifices de sa technique et le brio de son savoir-faire dans des films qui ne sont finalement que de somptueux écrins où se blottit la vedette. Tantôt fille de pape et tantôt courtisane grecque, héroïne de Zola et favorite royale, Martine Carol promène d'ébouriffantes toilettes, son air gavroche, sa beauté et son incontestable bonne volonté dans les colonnades italiennes de LUCRÈCE BORGIA, les boudoirs capitonnés de NANA, voire la Galerie des Glaces de MADAME DU BARRY. On peut la préférer dans un film moins fastueux mais de belle humeur tel que NATHALIE. Christian-Jaque applique des recettes semblables en transformant Brigitte Bardot en héroïne de la Résistance abordée par le biais de la comédie débridée (BABETTE S'EN VA-T-EN GUERRE). Il trouve un bon sujet et deux interprètes de choix avec LA LOI C'EST LA LOI, Age et Scarpelli avaient travaillé au scénario en collaboration avec d'autres talents et Fernandel et Toto se renvoient la balle d'éblouissante façon. Pour LA FRANÇAISE ET L'AMOUR, il réunit Annie Girardot et François Périer dans l'un des sketches, "Le Divorce", sur un scénario de Charles Spaak, tandis qu'Henri Decoin signait celui de "L'Enfance"; Jean Delannoy, "L'Adolescence"; Michel Boisrond, "La Virginité"; René Clair, "Le Mariage"; Henri Verneuil, "L'Adultère" et Jean-Paul Le Chanois : "La Femme Seule". En 1961, Christian-Jaque adapte - après bien d'autres : tels Léonce Perret, en 1925, et Roger Richebé, en 1941, la célèbre pièce de Victorien Sardou et d'Émile Moreau, MADAME SANS-G NE, avec Sophia Loren, qui incarne avec brio la pittoresque blanchisseuse promue grande dame de France. Le réalisateur s'assagit. Il garde à la fois son allure juvénile et la jeunesse du cœur (trois actrices : Simone Renant, Renée Faure, Martine Carol ont partagé sa vie) mais le rythme allègre qui fut le sien n'est plus le même. L'irruption de la Nouvelle Vague compte beaucoup dans ce ralentissement. Elle dénonce des tics, des facilités, des redites qui peuvent en effet se discerner dans les œuvres de cette période : adaptations de romans ou de nouvelles, films d'aventures, bandes dessinées, opérettes célèbres. Certains films sont abandonnés (MARCO-POLO), d'autres suspendus mais non repris (DON CAMILLO ET LES CONTESTATAIRES) parce que Fernandel, le vieil ami, est mourant. Mais, toujours habile technicien et rompu aux exercices périlleux, c'est lui qui renfloue une production mal partie (LES PÉTROLEUSES). Et puis la télévision est là, qui le saisit, l'accapare, lui impose des sujets bourrés d'action, farcis de coups de théâtre qu'il va tourner sous d'autres cieux. À 76 ans, Christian-Jaque continue de sourire à l'avenir. Il faut considérer Christian-Jaque comme le type même du réalisateur français. De 1930 à 1950, il imposa l'image d'un réalisateur souriant et débrouillard, vif et désinvolte, ne toisant pas son œuvre d'un œil critique mais la lorgnant avec un détachement certain. Sa devise aurait pu être le début d'un couplet célèbre : "Amusons-nous, foutons-nous de tout". Il a su, comme en se jouant, creuser différents filons de notre cinéma national : le vaudeville, qui imposa Fernandel et utilisa au mieux Armand Bernard; le film cocardier avec sonneries de clairon et drapeaux claquant au vent; la chronique historique aimable rehaussée par son impeccable technique, des histoires gonflées d'une poésie fraîche et inspirée (récits de Pierre Véry, dialogues de Jacques Prévert); des morceaux plus amers ou plus acides fournis par Jeanson. En somme, il a imprimé aux films d'une double décennie la couleur du temps qui passe et change peu à peu, imperceptiblement.

Filmographie

  Christian JAQUE













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