Né le 17 juillet 1961 à Neuilly, Denis Lavant s'attache très tôt au plaisir de l'art dramatique, dans la rue, alors qu'il a tout juste 14 ans. Il fait alors du mime, s'adonne à l'acrobatie, au jonglage... En 1980, il apparaît au théâtre avec un premier vrai personnage à défendre, celui d'Hippolyte dans "L'idiot", à Nice. Jusqu'alors, pour cause de visage hors de toute norme terrestre, mi-homme mi-saurien, il avait toujours plus ou moins tenu des rôles muets, très physiques. Alors qu'il végète au cinéma (il est une simple silhouette chez Lelouch ou Hossein), Leos Carax le découvre en fouillant dans les fichiers de l'ANPE du spectacle. C'est un coup de foudre réciproque qui va unir les deux hommes pour trois films, la fameuse trilogie en “Alex” (prénom récurrent du personnage incarné par Denis Lavant) qui va faire connaître la poésie urbaine post-“Nouvelle vague” de l'enfant terrible du cinéma français des années 80, ainsi que le comédien, désormais fétiche, de celui-ci. Amoureux lunaire deBoy meets girl, contrebandier mystique de Mauvais sang puis clochard céleste et cracheur de feu des Amants du Pont-Neuf, Denis Lavant est alors indissociable de Léos Carax. Du moins au cinéma, puisque le théâtre lui permet de nombreuses aventures, entre "La mouette", "Roméo et Juliette", "Croisade sans croix" d'Arthur Koestler, "Richard II" ou bien encore "Néron", de Gabor Rassov, dans une mise en scène ultra-gore de Pierre Pradinas. Pradinas avec lequel il avait tenté, quelques années auparavant, l'aventure ciné peu convaincante d'Un tour de manège. En tout état de cause, une succession de rôles bizarres, ambigus et déconcertants. Le cinéma ouvrira enfin une deuxième porte à Denis Lavant au milieu des années 90, d'abord avec le drame poudré et à costumes La partie d'échecs, où l'acteur tient le rôle d'un dandy, joueur d'échecs génial, puis avec Visiblement, je vous aime, dans le rôle d'un délinquant qui atterrit dans un lieu de réinsertion. Beaucoup de seconds rôles par la suite, notamment dans des productions allemandes (Tuvalu) et même coréennes (Yasaeng Dongmool Pohokuyeok), avant de tenir aujourd'hui le rôle principal (un légionnaire) de Beau travail, de Claire Denis. On le reverra à l'écran dès le mois prochain, avec une composition très inquiétante d'un garde-chasse empailleur dans Promenons-nous dans les bois.
|