Née Edna Rae Gillooly le 7 décembre 1932 à Detroit, dans le Michigan, Ellen Burstyn fera tous les métiers avant de devenir actrice. Elle est serveuse à 14 ans, quitte le lycée sans obtenir son diplôme de fin d'étude et part pour le Texas afin de devenir mannequin. Mais cela ne dure qu'un temps, elle la voilà bientôt à New York, où elle gagne modestement sa vie en tant que danseuse à la télévision, au sein du "Jackie Gleason Show". Après un détour par Montréal où elle se produit en tant que danseuse de night-club, elle débute, après avoir réussi une audition, à Broadway, dans la pièce "Fair Game". Nous sommes alors en 1957, et Edna Rae enchaîne avec de nombreuses apparitions dans des séries télé. En 1963, elle trouve un rôle récurrent dans la série "The Doctors", mais c'est avec son personnage de Franny dans Au revoir Charlie qu'on la remarque. Consciente de son potentiel naissant, la jeune actrice, devenue entre-temps Ellen Burstyn, fait un break pour se consacrer à l'étude de l'art dramatique au sein de l'Actor's Studio, sous la direction du légendaire Lee Strasberg. Et c'est en 1971 qu'elle connaît finalement son premier vrai succès, avec le rôle principal du mélancolique La dernière séance. Elle est nommée à l'Oscar et au Golden Globe pour l'occasion, sans les obtenir, mais ce n'est que partie remise. Etonnante face à Jack Nicholson dans The king of Marvin Gardens, elle incarne, un an plus tard, la mère de Linda Blair, possédée par le diable dans L'exorciste. A nouveau nommée à l'Oscar, elle ne décrochera celui-ci que l'année suivante, grâce à ce qui reste sans doute son rôle le plus célèbre, celui d'Alice n'est plus ici, de Martin Scorsese. Burstyn y incarne donc Alice, une veuve qui traîne sa misère, sa fille et son désir de chanter sur les routes et dans les pubs de l'Amérique profonde. Un portrait de femme bouleversant, rehaussé par l'excellent performance vocale de la comédienne. La même année, celle-ci remporte un Tony Award pour son rôle dans la pièce "Same Time, Next Year". Ellen Burstyn est, à ce jour, la seule comédienne à avoir remporté ces deux prestigieuses distinctions (le Tony et l'Oscar) la même année. Suivront d'autres films, commercialement et artistiquement moins forts, où l'on se contente de cantonner la comédienne dans un registre de femme simple et/ou désaxée. Son personnage de guérisseuse miraculeuse dans Résurrection, de Daniel Petrie, en 1980, la remet un temps sur le devant de la scène, mais les années 80 seront celles des vaches maigres. Beaucoup de télévision cependant, et un "Ellen Burstyn Show" en 1986 éclaireront une décennie un peu terne. Depuis le début des années 90, la comédienne a retrouvé le chemin du grand écran mais en se contentant de rôles secondaires, généralement des mères aimantes, des femmes simples et bonnes. Justement mère (inquiète) de Mark Wahlberg en 2000 dans The yards, elle est ensuite celle de Jared Leto dans Requiem for a dream, incarnant de manière assez magistrale une vieille dame, quasi-hypnotisée par la télévision et qui décide de perdre du poids pour être reçue au sein de son émission fétiche, quitte, pour cela, à ingérer les drogues les plus dangereuses... Une performance qui vaut à cette immense comédienne, aujourd'hui âgée de 68 ans, les applaudissements de la critique et de la profession (cinquième nomination aux Oscars, septième aux Golden Globes !), en dépit de la controverse suscitée par la violence (salutaire) et la descente aux tréfonds de la déchéance orchestrées par Darren Aronofsky. Outre l'inédit Walking Across Egypt, un drame avec Jonathan Taylor Thomas et le revenant Mark Hamill, Ellen Burstyn cabotine un chouïa - mais toujours avec classe - en mère fantasque dans Les divins secrets, et se prépare à retrouver le secoué Darren Aronofsky pour The Fountain, une SF auréolée de mystère avec Brad Pitt en tête d'affiche.
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