Né en 1975, Grégoire Colin est un enfant de la balle. Fils du metteur en scène Christian Colin, il débute sur les planches à l'âge de 12 ans dans "Hécube", d'Euripyde, dans le cadre du Festival d'Avignon, avec Maria Casarès pour partenaire. On peut rêver pire comme débuts... L'adolescent continue sur scène avec "Brûle, rivière, brûle", de Jean-Pol Fargeau, tourne "Le jeu du roi" pour la Sept, avec Pierre Dux, et, outre un petit rôle dans Le silence d'ailleurs, son premier films, effectue ses vraies classes cinématographiques dans L'année de l'éveil, avec le rôle d'un jeune orphelin qui traverse la fin de la Seconde Guerre mondiale entre le sadisme d'un directeur d'école où il est pensionnaire et l'amour de la jeune femme de celui-ci... Amateur de boxe française, le jeune acteur n'a alors aucun mal à assurer les scènes de ce sport qui émaillent le film de Gérard Corbiau. Pendant les années qui suivent, Colin devient l'adolescent du cinéma français, tournant beaucoup et régulièrement, d'un cinéma intimiste (le fugueur d'Olivier, Olivier, le fils abandonné d'Anémone dans Pas très catholique) à la fresque grandiloquente (La reine Margot). Héros tragique, sombre et austère (soldat de l'armée franquiste dans Fiesta, pizzaïolo violent dans Nénette et Boni, trotskiste épris de poésie dans Disparus), son regard noir, en amande, ne le cantonne pas d'emblée dans la comédie. Il est même un sale type de première qui joue avec le personnage campé par Natacha Regnier dans La vie rêvée des anges. Sa composition de coiffeur effeminé empreint de mysticisme dans Superlove étonne, et il revient aujourd'hui en jeune légionnaire sous la coupe d'un commandant dans Beau travail, de Claire Denis, qui l'avait déjà dirigé dans Nénette et Boni.
|