Neveu de l'écrivain et cinéaste Rupert Hughes, Howard Hughes est un enfant couvé par une mère maniaque de l'hygiène. Héritant de la fortune de son père, fondateur de la Hughes Tool Company, société qui gère la majeure partie du petrole texan, l'adolescent se montre peu intéressé par les études. En 1925, il fait ses débuts de producteur avec un film qui ne sera pas commercialisé : Swell Hogan, réalisé par un ami acteur. Après cette expérience désastreuse, son entourage le dissuade de poursuivre dans cette voie, mais l'entêté Hughes crée en 1927 sa maison de production, la Caddo, et obtient ses premiers succès avec les comédies Everybody's acting de Marshall Neilan et surtout Frères d'armes, qui vaut à Lewis Milestone le tout premier Oscar du Meilleur réalisateur.
Passionné d'aviation, Howard Hughes se lance en 1927 dans la réalisation de son premier long-métrage, Hell's angels avec Jean Harlow -projet d'autant plus ambitieux que le cinéaste ne bénéficie de l'appui d'aucun grand studio. Après un tournage long et coûteux (Hughes multiplie les prises de façon obsessionnelle), le film rencontre à sa sortie un grand succès critique et public, grâce à de spectaculaires scènes de combats aériens. Le producteur choisit ensuite Howard Hawks pour réaliser le film de gangsters Scarface, oeuvre séminale dont la violence déclenche les foudres de la censure en 1932. Les liaisons de Hughes avec des dizaines d'actrices de renom, de la vedette du muet Billie Dove à Ava Gardner en passant par Katharine Hepburn, viennent renforcer la réputation sulfureuse du producteur.
Se consacrant au milieu des années 30 à son autre marotte, l'aviation, le fougueux Howard Hughes bat à plusieurs reprises des records de vitesse et rachète en 1939 la compagnie TWA. Il revient ensuite au cinéma pour tourner son deuxième long-métrage, Le Banni (1943), nouveau défi aux ligues de vertu : le cinéaste provocateur se plaît en effet à filmer avec insistance le décolleté d'une débutante nommée Jane Russell. Alléché par une campagne promotionnelle massive, le public vient en nombre, mais au bout de quelques semaines d'exploitation, Hughes met son film sous séquestre -il ne ressortira qu'en 1946. Devenu en 1948 le patron, très interventionniste, de la RKO, il produit notamment Le Paradis des mauvais garçons réalisé par Josef von Sternberg et Nicholas Ray, et Un si doux visage d'Otto Preminger. Mais les excentricités de Hughes (obligé de revendre ses parts de la TWA en 1966) mènent le studio, déjà sur le déclin, à la faillite. Rattrapé par ses démons -la paranoïa, la phobie des microbes- Howard Hughes passera les dernières années de sa vie reclus dans un grand hôtel du Nevada.
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