Né à Juvisy-sur-Orge le 1 octobre 1943, Jean-Jacques Annaud trouve très vite ses centres d'intérêt avec le cinéma – il se lance dans une collection de vieux projecteurs et de caméras d'amateur – et l'Histoire. Rêvant de devenir cinéaste, il incite ses parents à l'inscrire à l'école Louis-Lumière pour y suivre des études techniques. A peine âgé de 19 ans, il concrétise enfin son rêve : réaliser un court métrage, qu'il intitule Les sept péchés capitaux du cinéaste. Parallèlement, il obtient une licence de lettres qui lui permet d'entrer à l'Idhec, dans la section Réalisation. Sorti de l'école, il trouve un job d'assistant sur un film publicitaire, travaille à "Paris Match" et, en 1965, effectue son service militaire au Cameroun. A son retour, la publicité, qui voit son champ d'action s'étendre à la télévision, fait appel à lui. En quelques années et plus de quatre cents spots publicitaires, il devient le Monsieur Pub de l'Hexagone. Mais c'est le cinéma qui attire Annaud. Aussi, en 1976, il se lance dans le grand bain, et tourne son premier film, La victoire en chantant, avec Jean Carmet et Jacques Dufilho, un film également connu sous le titre Noirs et blancs en couleurs, qui prend pour cadre le Cameroun de 1915, où des colons français jouent à la guerre qui se déroule en Europe. Une féroce charge contre le colonialisme qui, malgré un Oscar du Meilleur film étranger, est un semi-échec commercial, et oblige le cinéaste à faire à nouveau ses preuves. Deux ans plus tard sort Coup de tête, qui prend pour héros un joueur de foot (Patrick Dewaere), accusé de viol et qui profite d'une amnistie pour se venger. Cette fois, c'est un succès, qui va permettre au réalisateur à la crinière de lion de mettre au point le projet qui lui tient à cœur depuis de longues années, et qui réconcilie ses deux passions : Histoire et cinéma. Ce sera La guerre du feu, qui retrace l'épopée de quelques hommes préhistoriques à la quête de la précieuse flamme. Le film sera couronné par un gigantesque succès international, ainsi que par un César du Meilleur film et un autre du Meilleur réalisateur... et des appels du pied en provenance de Hollywood. Mais le Frenchie refuse l'offre, et s'attèle à un nouveau projet, L'ours. Mais il lui faut pour cela un budget auquel il ne peut pas encore prétendre. Armé de patience, Annaud découvre alors le fantastique roman d'Umberto Eco, "Le nom de la rose". Fasciné, et on le comprend, par le livre, il décide de le porter à l'écran. Sean Connery sera Guillaume de Baskerville, personnage principal de cette fresque moyenâgeuse sur fond de livres empoisonnés. Co-production européenne, Le nom de la rose remporte un très vif succès mondial, et, dans la foulée, le César du Meilleur film étranger et une aura auprès des producteurs telle que les crédits nécessaires à la fameuse fresque animale susmentionnée seront enfin débloqués. A sa sortie en 1988, L'ours, épopée tendre et tragique d'un ours pyrénéen, triomphe, démontrant une fois de plus la très grande maîtrise cinématographique dont fait preuve le réalisateur. Trois ans plus tard, celui-ci abandonne la fresque pour l'intime (quoique), trouvant cette fois son inspiration chez Marguerite Duras, avec L'amant, sulfureuse histoire d'amour entre une jeune Française et un play-boy Chinois dans l'Indochine des années 40. Encore une fois, le succès est énorme dans le monde entier, et Jean-Jacques Annaud a désormais à sa disposition tous les moyens dont il peut rêver pour ses projets les plus ambitieux. Avec Les ailes du courage, au générique figurent Val Kilmer et Tom Hulce, le réalisateur réalise un moyen métrage expérimental réalisé pour le format IMAX, qui retrace un épisode de la vie de Henri Guillaumet, un des pionniers de l'aéropostale. Trois ans plus tard, Annaud engage la superstar Brad Pitt pour le premier rôle de Sept ans au Tibet, une nouvelle fresque spectaculaire racontant la vie d'un jeune alpiniste autrichien pro-nazi parti en expédition en Himalaya et qui, pour échapper aux forces alliées, se réfugie auprès du dalaï-lama. Restant dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, Annaud se tourne ensuite vers la Russie, où il met aux prises un jeune sniper russe (Jude Law) et un tireur d'élite allemand (Ed Harris) dans Stalingrad – Enemy at the Gates. Renouant aujourd’hui avec le film animalier, quinze ans après L’ours, Jean-Jacques Annaud fait de deux tigres les personnages principaux de son Deux frères, où se mêlent certains de ses thèmes de prédilection : amour de la nature, et dénonciation du colonialisme.
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