Jean-Pierre Marielle est né le 12 avril 1932 à Dijon. Pensionnaire dans un lycée, il monte avec l'aide de camarades de petits spectacles récréatifs. Un professeur l'incite à persévérer dans cette voie et, une fois ses études achevées, il se rend à Paris où il commence à suivre des cours d'art dramatique avant d'entrer au Conservatoire. Il y obtient un deuxième prix de comédie. Marielle débute comme stagiaire, joue sur de petites scènes de la Rive Gauche avant d'être engagé par la compagnie Grenier-Hussenot. Il connaît ses premiers succès dans "Se trouver" de Pirandello et "L'Anniversaire" de Pinter. C'est en 1957 qu'il débute à l'écran dans le film d'Henri Decoin, Tous peuvent me tuer. Il passe du tragique au comique avec une parfaite aisance, tente sa chance au cabaret, notamment aux côtés de Guy Bedos, et revient au théâtre tout en continuant de faire carrière au cinéma. 1,85 m, le front haut et dégarni, la voix basse et chaude, souvent vêtu de noir, couleur qui achève de lui conférer prestance et autorité, Jean-Pierre Marielle a le physique de celui qu'on devrait craindre et respecter. Or dit-il, “Souvent, on m'a fait jouer des beaufs forts en gueule et un peu imbéciles, des personnages burlesques pour lesquels je fais un travail d'humoriste, de caricature”. Tel apparaît en effet Castelard, le VRP hâbleur et vulgaire de L'entourloupe, et Pouplard, le réparateur en frigos de Comme la lune (de Joël Séria), terrifiant de vulgarité et de bêtise. Joël Séria pour lequel Marielle sera un interprète privilégié : Les galettes de Pont-Aven et Charlie et ses deux nénettes sont sans conteste les deux meilleurs films du cinéastes et parmi les plus belles compositions du comédien, qui joue de son charisme désabusé, de sa présence physique forte et d'une sensualité presque caricaturale dans ces deux films que l'on se doit absolument de découvrir pour connaître l'étendue du talent de Jean-Pierre Marielle. En vérité, ce comédien se délecte à ridiculiser “les gens qui courent après le bonheur et veulent toujours gagner”, alors qu'il éprouve de la tendresse pour “les orphelins, les désespérés, les hommes perdus” comme les ambigus frères jumeaux de Coup de torchon, l'acteur de second plan alcoolique de Partenaires ou le flic désabusé et suicidaire desMois d'avril sont meurtriers. Marielle confirme aimer jouer les “biscornus” et le prouve, au théâtre (dans "Oncle Vania" de Tchékhov ou "Clérambard" de Marcel Aymé), à la télévision "La vie continue" (Dino Risi, 1982), "Les capricieux" (Michel Deville, 1983), "Bouvard et Pécuchet" (Jean-Daniel Verhaeghe, 1989), entre autres – et au cinéma pour lequel il avoue lui-même s'être comporté en “mercenaire”. Démoniaque et manipulateur dans L'indiscrétion, riche et dépressif dansTenue de soirée, candide et pitoyable dans Quelques jours avec moi, pétri de scrupules dans Uranus, il a administré la preuve qu'il pouvait désormais tout faire. En particulier interpréter, sobrement et avec vérité, un joueur de viole de gambe du XVIIe siècle, intransigeant, austère et passionné, le Sainte-Colombe de Tous les matins du monde (rôle pour lequel il sera nommé aux Césars), ou bien encore un acteur de boulevard sur le retour, vulgaire et pathétique dans Les grands ducs. Un immense acteur, sans aucun doute.
|