Né le 29 novembre 1954 à Minneapolis, Joel Coen effectue ses études à la New York University Film School. Il débute comme assistant monteur sur des films d'horreur à petit budget, dont le fameux Evil dead de Sam Raimi. En tandem avec son frère Ethan, diplômé de l'université de Princeton, il écrit le scénario de Mort sur le grill, toujours pour Sam Raimi, puis celui de leur premier long métrage, signé des deux noms. Il s'agira de Blood simple, sorti en France sous le titre Sang pour sang (et ressorti en 2000 dans une nouvelle version, raccourcie et remixée), qui mettait déjà en vedette Frances McDormand, une habituée de l'univers des frangins, d'autant qu'elle est l'épouse de Joel. A sa sortie, Blood simple fait sensation par ses références au film noir dans ce qu'il a de plus classique (atmosphère étouffante, meurtres en série, détective peu reluisant) mais aussi grâce à ses emprunts au genre horrifique sanguinolent poussé à l'extrême (une méthode reprise avec succès quelques années plus tard par Tarantino). Mais le film frappe surtout par l'aspect parodique qui en émane, et qui fera la marque des frères Coen. Suivra Arizona junior, avec Nicolas Cage et Holly Hunter, mélange de comédie débridée de mélodrame et d'action qui fait découvrir les Coen à un public encore plus large. Enfin, la reconnaissance critique arrive avec Miller's Crossing, un film de gangsters des années 30 qui fait l'ouverture du Festival de New York en 1990. La consécration définitive aura lieu en 1991, année où Barton Fink remporte la Palme d'or, le Prix de la mise en scène et le Prix du Meilleur interprète masculin (John Turturro) au Festival de Cannes. Aux Etats-Unis, cette histoire d'un scénariste perdu dans l'enfer hollywoodien des années 40 remportera deux New York Film Critics Awards, sera cité trois fois à l'Oscar et une autre aux Golden Globes. Suit, en 1994, Le grand saut, dont l'aspect totalement parodique (les déboires d'un inventeur confronté à une multinationale) et passablement déjanté déroutera public comme critiques. Retour en grâce deux ans plus tard avec Fargo, polar neigeux et hilarant qui se taille un joli succès et glane deux Oscars : Meilleur scénario et Meilleure actrice pour Frances McDormand, stupéfiante en placide fliquette de province. Moins applaudi par la critique, The big Lebowski n'en restait pas moins un pseudo-polar délirant, peuplé de ces seconds couteaux secoués (John Turturro, habitué du clan, en roi moulé du bowling, et Julianne Moore, peintre underground habitée par la transe créatrice) qu'affectionnent les frangins Coen, dont les rôles sont toujours les mêmes : Ethan produit, Joel réalise. O'Brother, pochade musicale délirante sur fond de Grande Dépression et très librement inspirée de "L'odyssée" d'Homère, a fait des Coen les champions de la sélection cannoise 2000, même s’ils en sont repartis bredouilles cette année-là. L'histoire se répète d’ailleurs un an plus tard avec The barber, un drame policier en noir et blanc dans lequel officient, outre l'incontournable Frances McDormand, le caméléonesque Billy Bob Thornton dans le rôle d'un coiffeur impliqué dans une inextricable affaire de chantage. Renouant aujourd’hui avec la comédie, les frères Coen retrouvent pour l’occasion leur héraut en la matière depuis O’Brother, George Clonney, en avocat des divorces intraitable face à une Catherine Zeta-Jones encore plus séduisante qu’intéressée dans Intolérable cruauté. Poursuivant sur leur lancée, on les retrouvera l’année prochaine aux commandes d’un remake d’une comédie de 1955, The Ladykillers. Tom Hanks y sera un professeur chargé de réunir un groupe de cambrioleurs pour réaliser le casse du siècle dans un casino. Là où l'histoire se differencie de Ocean's Eleven (et de L'inconnu de Las Vegas), c'est que les malfrats se font héberger chez une vieille dame, et que les choses se compliquent lorsque la maîtresse de maison découvre le pot aux roses. Décision est prise de l’éliminer. Une tâche qui s’avère beaucoup plus ardue qu’il n’y paraissait. Du pain bénit pour le duo Coen !
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