Cinéaste britannique né le 6 mars 1920 à Londres de parents comédiens.
Elevé dans une famille d'artistes de music-hall, Lewis Gilbert se familiarise très vite avec la scène artistique, puisqu'il observe des coulisses ses parents faire leur numéro. Alors qu'il n'a que sept ans, son père meurt de la tuberculose. Lewis devient le nouveau gagne-pain de la famille en devenant un enfant vedette dans les années 20 et 30 (on le voit notamment dans le film Dick Turpin, réalisé par Victor Hanbury et John Stafford). A l'âge de 17 ans, il donne la réplique, pour un court instant, à Laurence Olivier dans le film Le divorce de Lady X. Mais Gilbert préfère étudier la réalisation et devient l'assistant d'Alfred Hitchcock sur La Taverne de la Jamaïque.
Ses premiers essais en tant que réalisateur se font pendant la Seconde Guerre Mondiale, par le biais de documentaires commandés par la Royal Air Force et la U.S. Air Corp Film Unit entre 1944 et 1946, et que l'on peut voir comme les prémices de son genre de prédilection : le film de guerre. Ses films de guerre les plus notoires sont Albert Royal Navy (1954), Reach for the Sky (1957), Agent secret S.Z (Carve Her Name With Pride) (1958), ou encore Coulez le Bismarck !(1960). En 1964, il tourne un film inspiré de la révolte du ?Bounty?, Les Mutinés du Téméraire (H.M.S. Defiant).
La plupart de ces films furent écrit avec le concours du scénariste Vernon Harris, qui devint l'un de ses plus grands collaborateurs. Emergency Call (1952) fut le premier de leur longue et prolifique collaboration. Ils réalisèrent d'ailleurs en 1953 l'un des premiers films à être estampillé de la mention "X" : Cosh Boy.
Lewis Gilbert s'est aussi beaucoup démarqué en adaptant au cinéma un grand nombre de romans et de pièces de théâtre, notamment entre les années 50 et 60. Sa première adaptation qui se révèla être à la fois un succès critique et commercial fut le film Alfie, le dragueur (1965). Il reçut un grand nombre de nominations aux Oscars, notamment pour l'interprétation remarquée de Michael Caine, acteur encore inconnu à Hollywood à ce moment-là. Mais le contrat de Gilbert avec la Paramount, qui avait financé le film, l'oblige à travailler avec Harold Robbins sur Les Aventuriers (1970), alors qu'il était sur le scénario d'Oliver!, projet qui fut relégué à Carol Reed. D'autres de ses adaptations, cette fois dans le genre de la comédie, furent acclamées, telles que The Admirable Crichton en 1957, ou encore L' Education de Rita en 1983 et Shirley Valentine en 1989, deux pièces de Willy Russell.
Mais Lewis Gilbert c'est aussi trois des films de la série des James Bond : On ne vit que deux fois (You Only Live Twice) en 1967, L' espion qui m'aimait (The Spy Who Loved Me) en 1977 et Moonraker en 1979. C'est d'ailleurs Gilbert qui avait suggéré, dès les années 70, que les James Bond girls soient "aussi viriles" que James Bond, afin d'être en cohérence avec l'évolution sociétale.
Si, tout au long de la carrière de Gilbert, les critiques ont eu du mal à savoir s'il prônait une certaine forme de machisme ou bien, au contraire, une célébration de la force féminine, il est clair que l'on retrouve dans ses films des thèmes récurrents, tels que le passage de l'enfant à la vie d'adulte, ce que l'on retrouve notamment dans les films La petite ballerine (1949), Cosh Boy, Janek prend la fuite (1953), A Cry from the Streets (1958), Un Si bel été, Friends (1971) et Paul et Michèle (1974).
Lara Granat
|