Né en 1964 à Versailles, ville où il a grandi, d'une famille sous forte influence pop (son grand-père, Constant Martin, a inventé l'un des tout premiers synthétiseurs, le Clavioline, et son père vendait des guitares électriques), Michel Gondry se voulait, enfant, peintre ou inventeur. Après ses études primaires et secondaires, il entre à l'Ecole Olivier-de-Serres, à Paris, une école d'arts appliqués où il peut développer ses talents de graphiste, mais où il fait également la connaissance d'amis qui deviendront ses partenaires dans le groupe de pop-rock Oui Oui, où Michel officie en tant que batteur. Parmi les autres membres notoires de Oui Oui, groupe culte s'il en est, citons Etienne Charry, qui poursuit depuis la séparation du groupe, en 1992, une carrière de chanteur solo. Oui Oui sortira au total deux albums ("Chacun tout le monde" et "Formidable") et plusieurs singles dont "La ville", qui sera mis en images par Gondry lui-même, tout comme "Les cailloux" et "Ma maison". Des clips dans lesquels transparaît déjà l'univers bigarré de l'auteur, fortement influencé par ses souvenirs d'enfance et toute l'imagerie enfantine des années 60.
C'est d'ailleurs grâce au clip de "La ville" que Michel Gondry se fait vraiment remarquer : Björk le voit sur MTV et s'entiche immédiatement des visions du jeune réalisateur. Commande est passée pour "Human Behaviour", le premier single de la carrière solo de la jeune Islandaise, un clip qui marque le début d'une longue collaboration entre les deux artistes. Suivront en effet les vidéos de "Army of Me", "Isobel", "Hyperballad", "Joga" et surtout le délirant "Bachelorette" pour lequel, lesté de moyens financiers conséquents, Gondry se lance dans l'incroyable saga d'une jeune femme prise au piège de son autobiographie. Rapidement demandé par le monde entier, Michel Gondry réalise des clips pour Neneh Cherry ("Feel It"), Massive Attack ("Protection"), Daft Punk ("Around the World" et ses momies dansantes), Beck ("Deadweight"), IAM ("Je danse le mia"), les Stones ("Gimme Shelter" et "Like a Rolling Stone", avec déjà Patricia Arquette), Lenny Kravitz ("Believe"), Etienne Daho ("Les voyages immobiles"), Stardust ("Music Sounds Better with You") ou encore Chemical Brothers, Wyclef Jean, Black Crowes, Foo Fighters, L'Affaire Louis Trio, Terence Trent D'Arby, Sinéad O'Connor et Sheryl Crow.
Mais ce n'est pas tout : les talents visionnaires, l'aisance narrative et l'univers délirant dont fait preuve, de clip en clip, Michel Gondry, interpellent très vite les publicitaires, qui voient en lui le messie de l'image des années 90. Il signera ainsi quelques grands spots de pub pour Gap, Smirnoff, Air France, Nike, Coca Cola, Adidas ou Polaroid, glanant au passage un titre, dans le "Livre Guinness des records", du réalisateur le plus récompensé au monde pour une seule pub, en l'occurrence un spot réalisé pour les jeans Levi's ("Drugstore").
Dans la foulée de tous ces grands succès, quoi de plus normal que notre Frenchie goes to Hollywood ? Après avoir passé un an à Los Angeles, où il cogite notamment sur une adaptation du "Frelon vert", un comics des années 60, Gondry se voit proposer par Charlie Kaufman, le scénariste de Dans la peau de John Malkovich, le script de Human nature. Banco ! Très en phase avec son univers visuel et mental, le film n'est pas sans rappeler les ballades sylvestres de Björk dans "Human Behaviour". Michel Gondry présentera son premier long en séance spéciale au Festival de Cannes 2001. Aujourd'hui, il revient avec un autre scénario de Charlie Kaufman, Eternal sunshine of the spotless mind, superbe voyage intérieur, où Jim Carrey tente d'enrayer ce qu'il a lui-même initié sous son propre crâne : la destruction par une société spécialisée de tous les souvenirs qui le relient à celle qu'il ne croyait plus aimer. Ce mois-ci, Gondry, fidèle à lui-même, nous propose un nouveau long métrage original, La science des rêves, dont il a écrit seul le scénario, et dans lequel Stéphane, garçon surprenant d’excentricité, compense une vie monotone en se plongeant dans un univers où l’imagination est reine. Du pur Gondry !
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