Née le 24 janvier 1961, Nastassja Aglaia Naksynski, avant de changer de nom, s'offre pour père Klaus, l'acteur à la volcanique réputation. Vivant une adolescence un peu turbulente – qui ne l'empêche pas de maîtriser pas moins de cinq langues (le français, l'allemand, l'italien, le russe et l'anglais...) –, elle suit ses parents de studios en tournages avant qu'ils ne se séparent, et tient son premier rôle à l'age de 13 ans. Elle est Mignon, jongleuse muette vivant avec un homme plus âgé dans Faux mouvement de Wim Wenders. Une révélation sur le plan international.
En 1975, elle change son nom en Kinski, comme son père et sa demi-sœur aînée, (Pola, née en 1952, qui tint quelques rôles à la télé et au cinéma). Nastassja arrête l'école à l'âge de 16 ans, ce qui ne l'empêche pas d'avoir étudié à Rome, Munich, Caracas, Paris... pour aborder l'apprentissage de l'art dramatique, aux Etats-Unis et sous la direction de Lee Strasberg. Elle travaille un temps pour la télévision allemande et remporte quelques récompenses locales pour ses prestations d'actrice. En 1976, elle décide d'embrasser la carrière de modèle, mais est repérée par Roman Polanski dans une soirée. Pour les besoins de photos de mode pour le magazine "Vogue", il la convie à se rendre au Seychelles. Dans le même temps, elle étoffe sa filmographie de rôles déjà tordus comme celui de Catherine dans Une fille pour le Diable, histoire d'une bataille entre un écrivain passionné d'occultisme et un groupe d'adeptes de Satan pour la possession de l'âme de la jeune fille...
En 1979, Roman Polanski lui offre l'un des ses rôles fétiche dans Tess, nommé six fois aux Oscars, le poignant destin d'une jeune fille issue d'une modeste famille dans le XIXe siècle anglais. Comme souvent dans sa carrière, Nastassja Kinski cultive un goût particulier pour les changements de caps radicaux : femme-enfant, vamp, mannequin de luxe où mère de famille, elle endossera cette diversité de rôles durant les années 80, une décennie faste pour la comédienne. Elle continue parallèlement une carrière de modèle, apparaissant, pour les besoins d'une photo de Richard Avedon, en femme fatale simplement vêtue... d'un python vivant ! Cette image mythique fera le tour du monde. Ne pas avoir froid aux yeux semble devenir chez elle un principe, qui la fait accéder au rang officieux de l'actrice la plus recherchée de l'époque.
En 1982, les pointures américaines font la queue comme tout le monde, et c'est Francis Ford Coppola qui lui fait traverser l'Atlantique pour Coup de cœur, où elle incarne Leila, au cœur d'une comédie dramatique dans Las Vegas. C'est aussi l'année de La féline, de Paul Schrader, nanar érotico-fantastique où l'actrice, selon les moments, se transforme en panthère qui aime à dévorer tout ce qui bouge, à commencer par ses amants. L'année suivante, elle remporte le German Film Award pour sa prestation dans Frühling Symphonie, film de Peter Schamoni (inédit en France). Sa participation à La lune dans le caniveau de Beineix achève de la souder à l'air du temps. Les années de gloire s'enchaînent et chacune d'elles voit l'actrice endosser un nouveau rôle-culte. Elle retrouve Wim Wenders en 1984 pour Paris, Texas, où elle est Jane, errant dans le passé d'un homme à la recherche de ses racines et de la mère de son fils. Le film reviendra de Cannes avec la Palme d'or. Elle est aussi Maria dans Maria's Lover d'Andrei Konchalovsky, drame romanesque dans l'Amérique d'après-guerre. Nastassja épouse alors le producteur Ibrahim Moussa avec qui elle aura deux enfants – Aljosha et Sonja – avant de se séparer en 1992.
En 1985, elle tient le rôle principal de Harem d'Arthur Joffé, où la belle est enlevée pour renflouer le harem d'un cheikh arabe... Autre production américaine, la même année, elle joue aux côtés d'Al Pacino et Donald Sutherland dans Révolution d'Hugh Hudson, qui prend place dans les prémices de New York en 1776. Elle y est Daisy, une jeune bourgeoise rebelle qui incite un père et son fils à se battre pour l'indépendance de leur jeune pays. Deux ans plus tard, dans Maladie d'amour de Jacques Deray, elle est Juliette, petite shampouineuse qui devient la maîtresse d'un professeur de médecine de province (Michel Piccoli). Nastassja enchaîne ensuite sur une période marquée par sa participation à des films italiens inégaux, desquels se distingue en 1990 Le soleil même la nuit, de Paolo et Vittorio Taviani, où elle est la maîtresse du roi de Naples dans une adaptation du roman de Tolstoï, "Père Serge". Petit à petit, ses rôles se font moins emblématiques et ses apparitions plus espacées.
En 1992, elle retrouve son réalisateur “fil rouge”, Wim Wenders, pour Si loin, si proche !, séquelle des Ailes du désir où les anges Raphael et Cassiel (Otto Sanders) veillent sur Berlin après la chute du mur. En 1993, elle met au monde son troisième enfant, Kenya, dont le père est le célèbre musicien-producteur Quincy Jones. Outre quelques films comme le surprenant Pour une nuit de Mike Figgis en 1997, elle enchaîne les séries B qui, bonnes ou mauvaise, n'ont plus l'envergure de ses rôles d'antan. Elle apparaît ainsi dans Terminal velocity de Deran Sarafian, Crackerjack de Michael Mazo, ou des téléfilms du même acabit. Cela dure jusqu'à la fin des années 90, où sa carrière semble reprendre un souffle prometteur. Si la qualité n'y est pas tout à fait, la quantité, elle, est revenue. De Suspicion, film noir de David Bailey, à The lost son de Chris Menges (dans un petit rôle cependant) en passant par Susan a un plan..., polar tordu de John Landis, et Town and Country (tourné en 1999 et sur le point de sortir aux Etats-Unis) de Peter Chelsom, elle semble retrouver le goût de tourner. Tandis que sort également ces jours-ci aux Etats-Unis Red Letters de Bradley Battersby, un polar avec Peter Coyote, on la retrouve aujourd'hui en France dans Rédemption de Michael Winterbottom, dans le rôle d'Elena, qui, à l'approche de la mort, décide de retrouver l'homme qui a bouleversé sa vie.
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