Fils d'un émigré russe, ingénieur spécialisé dans le chauffage central, et d'une couturière française, le jeune Pierre Tscherniakowsky fréquente assidument le Magic Ciné, salle obscure de Levallois-Perret, la banlieue où il grandit. Ce fan de Buster Keaton, qui connaît son premier choc cinéphile à 12 ans avec La Chevauchée fantastique, intègre, après le bac, l'Ecole Technique de Photo et de Cinématographie de la rue de Vaugirard, puis l'IDHEC, où il côtoie Claude Sautet, et dont il sort diplômé en 1948. Il trouve alors son premier emploi comme régisseur d'une tournée théatrale en Allemagne, sous l'autorité du futur comédien Jean Richard.
En collaborant au Club d'essai de la radiodiffusion française, il fait la connaissance de Pierre Dumayet, avec qui il participe à la création du journal télévisé en 1949, en compagnie de Georges de Caunes, Pierre Sabbagh ou Jacques Sallebert. Reporter et animateur de variétés dans les années 50, ce touche-à-tout s'essaie même au cirque avec Gilles Margaritis. Proche des chansonniers de l'époque, il co-signe au début des années 60 les scénarios des comédies gentiment insolentes du Branquignol Robert Dhéry (La Belle Américaine). Présentateur d'une émission consacrée à L'Ami public numéro un Walt Disney, il co-écrit avec Goscinny les scripts de plusieurs aventures animées d'Astérix ou Lucky Luke -et ce conteur malicieux en assure souvent la narration, jusqu'à Astérix et les Vikings en 2006.
C'est justement au cours d'une conversation avec le célèbre auteur de BD que naît l'idée du Viager, premier long métrage mis en scène par Tchernia en 1972, une comédie acide dans laquelle un vieillard campé par Serrault n'en finit plus de ne pas mourir. L'humour bon enfant, teinté d'impertinence et d'une douce nostalgie, qui caractérise cet amoureux du 7e art, se retrouve dans ses réalisations suivantes, où défilent tous les précieux seconds rôles du cinéma français : Les Gaspards (1974), promenade insolite dans les Catacombes de Paris, La Gueule de l'autre (1979) avec Jean Poiret dans le double rôle d'un homme politique et de son sosie, et le polar loufoque Bonjour l'angoisse (1989). Celui qui anima de 1966 à 1987 Monsieur cinéma puis Mardi cinéma s'est fait une place dans le coeur de plusieurs générations de cinéphiles et téléphages, au point de devenir dans les années 90 la mascotte de l'émission à succès Les Enfants de la télé, sous le sobriquet de Magic Tchernia.
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