C'est en Allemagne que le maitre du film noir Robert Siodmak, issu d'une famille polonaise, passe son enfance. Petit-fils du rabbin Abraham Siodmak, père de 21 enfants, et fils de l'inventeur Ignatz Siodmak, le jeune Robert est un élève de niveau médiocre. Après avoir été à l'université, il fait un peu de théâtre puis devient banquier dans les années 20. C'est en signant les intertitres allemands de films muets américains puis en assistant le réalisateur Curtis Bernhardt qu'il découvre le monde du cinéma.
C'est en 1929 que Robert Siodmak réalise -avec Edgar G. Ulmer- son premier fait d'armes pour le cinéma. Il s'agit du moyen métrage muet Les Hommes le dimanche, à la fois chronique de moeurs et documentaire dont le scénario est co-signé par Siodmak, son frère Curt, ainsi que... Billy Wilder et Fred Zinnemann ! Le film, oeuvre majeure du cinéma expressionniste allemand, lance la carrière de Siodmak qui signe un contrat avec UFA, le grand studio d'outre-rhin, pour lequel il signe notamment les films Adieux et Tumultes.
L'avènement du nazisme pousse Robert Siodmak à quitter l'Allemagne en 1933 pour s'installer en France, où il se montre très éclectique, passant de la comédie (Le Sexe faible, Mister Flow) au musical (La Crise est finie), en passant par le film d'aventure (Mollenard, captaine corsaire) et le thriller (Pieges, avec Maurice Chevalier). Après cette période hexagonale, le cinéaste décide de tenter sa chance aux Etats-Unis. Il traverse l'Atlantique au début des années 40 et signe alors quelques séries B parmi lesquelles West Point Widow et Le Fils de Dracula.
Signé chez Universal, Siodmak fait sensation en 1944 avec Les Mains qui tuent, thriller qui pose les bases du cinéma qui fera sa gloire. Inspiré par l'expressionnisme allemand, il devient, dans la deuxième partie des années 40, l'un des maitres du film noir avec des classiques comme Deux mains, la nuit et La Proie, mais surtout Les Tueurs et Pour toi, j'ai tué, oeuvres portées par son acteur fétiche Burt Lancaster. Les films noirs de Siodmak impressionnent par leur ambiance hypnotique et oppressante, leur maitrise du clair-obscur, leur suspense intenable, leur traitement des atmosphères nocturnes. En quelques oeuvres fortes, en parvenant à marier l'expressionnisme allemand et le film noir américain, le cinéaste devient célèbre à travers le monde.
De retour en Europe, il travaille sur le scénario de Sur les quais sans y être finalement crédité, et signe Les Rats, Ours d'Or à Berlin en 1955. La suite de sa carrière, qui se déroule en Allemagne et dont on peur ressortir le film de guerre Les SS frappent la nuit, Katia avec Romy Schneider et L' Affaire Nina B., est plus anonyme, assez symptomatique d'une carrière éclectique et inégale, qu'il aura marqué par quelques films entrés dans la légende. Référence de l'expressionnisme allemand, maître du film noir, il s'éteint en Suisse en 1973.
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