Né à Paris le 13 octobre 1937, Samuel Frei devient orphelin à la suite des tragiques événements de la Seconde Guerre mondiale, et est élevé par sa grand-mère et sa tante. Dès l'âge de 17 ans, il entre au cours Simon, où il effectue un brillant cursus qui le mène à sortir premier de sa promotion. Le cinéma lui ouvre tout grand ses portes, par celle d'assistant-régisseur, puis devant la caméra sous la direction de Robert Hossein et de Pierre Chenal. Son physique de jeune premier ombrageux sert à merveille le personnage de Gilbert Tellier, l'amant malheureux de Brigitte Bardot (magnifique dans son premier rôle dramatique), accusée de son crime dans La vérité, signé Henri-Georges Clouzot. Le film fait un tabac, glane l'Oscar du Meilleur film étranger et propulse Sami Frey sous les projecteurs, révélation biaisée aussi par sa liaison avec la star. Les années 60 sont une période faste pour le comédien, qui tourne sous la direction des grands noms de l'époque (Godard, Varda, Franju, Deville, Vadim), s'exporte en Italie, appose sa pierre à l'édifice de la sémillante Angélique (dans Angélique et le Roy) sans délaisser sa passion pour la scène, où on le voit notamment jouer Brecht et "Le soulier de satin", la pièce-fleuve de Paul Claudel. Comédien volontiers discret, à l'écart du cirque médiatique, Sami Frey a beau tourner des œuvres exigeantes ou populaires (Les mariés de l'an II), le public a du mal à cerner l'homme. Il faut attendre le César et Rosalie tourné par Claude Sautet pour le voir accéder à une plus grande notoriété : loin d'être éclipsé par la grâce du tandem Romy Schneider/Yves Montand, l'acteur incarne avec une élegance et un charme séduisants le “deuxième homme”, l'amant dessinateur de BD de Rosalie. Tout aussi à l'aise dans le libéré Pourquoi pas ? de Coline Serreau que dans la sombre Mortelle randonnée conduite par Claude Miller, on le voit dans les années 80 sauter allégrement d'un genre et d'un continent à l'autre. Il est irrésistiblement ambigu en veuf (noir ?) que tente de confondre Le garde du corps de Birkin, alias Jugnot, surprenant en père divorcé et égocentrique qui redécouvre La vie de famille grâce à Jacques Doillon, et réussit ses deux incursions américaines (La petite fille au tambour avec Diane Keaton, et surtout La veuve noire, qui consacra à l'époque Theresa Russell). Quelques apparitions télé aussi. Le théâtre, encore et toujours, de Carlos Fuentes à Harold Pinter, Henry James, Peter Handke, en passant par Georges Perec, dont il met en scène et interprète à vélo et avec succès "Je me souviens". Les années 90 le voient progressivement s'éloigner du grand écran : seulement dix films, pour la plupart passés à la trappe impitoyable du box-office (y compris quelques vénérables signatures, Elie Chouraqui ou Pierre Granier-Deferre) exceptés La fille de D'Artagnan, où il compose un Aramis dont la légende en prend un coup, et Les acteurs, film choral fortement controversé de Bertrand Blier. On l'attend avec d'autant plus d'impatience qu'il partage le rôle principal masculin de La repentie avec Samy Naceri.
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