Steven Soderbergh est né le 14 janvier 1963 à Baton Rouge, en Louisiane. Il y grandit et y développe un intérêt particulier pour le cinéma dès l'âge de 13 ans. Après avoir achevé ses études secondaires, il se rend à Los Angeles où il travaille comme monteur en free-lance, avant de s'en retourner dans sa ville natale pour continuer à réaliser des courts métrages et à écrire des scénarios. Après avoir réalisé un documentaire sur le groupe de rock Yes, il est engagé pour filmer dans sa totalité un de leurs concerts. Le résultat, "9012 Live", reçoit une nomination aux Grammy Awards en 1986. Après deux ans d'écriture de différents scénarios, Soderbergh termine finalement celui de Sexe, mensonges et vidéo (dont le tournage commence à Baton Rouge pendant l'été 1988) avec James Spader, Andie MacDowell, Laura San Giacomo et Peter Gallagher. Présenté en première mondiale au Festival de Sundance en janvier 1989, le film, sulfureux et cérébral drame bourgeois sur une jeune société américaine hantée par le sexe, remporte quatre mois plus tard la Palme d'or au Festival de Cannes. La consécration dès le premier film ! Le deuxième film de Soderbergh, Kafka, est un suspense en noir et blanc situé dans la Prague d'entre deux guerres, et s'inspire de la correspondance de l'écrivain tchèque tout en laissant une large part à la fiction. Les mémoires de l'écrivain A.E. Hotchner seront quant à elles à la base de son troisième film. King of the hill raconte comment un adolescent imaginatif de 12 ans essaye d'empêcher sa famille d'éclater pendant la Grande Dépression des années 30. Malgré sa qualité, le film n'est pas un succès public consistant. En 1995, Soderbergh retrouve Peter Gallagher pour A fleur de peau, film noir traitant d'obsession et de trahison, situé à Austin, Texas. Là non plus, le succès n'est pas fulgurant. L'année suivante, il se retranche dans le cinéma de recherche et réalise coup sur coup deux films très personnels : Schizopolis, une comédie expérimentale quasi-buñuelienne dans laquelle il se met directement en scène, et Gray's Anatomy, la version filmée du fameux – du moins aux Etats-Unis – monologue du comédien Spalding Gray, dans lequel celui-ci décrit son expérience avec la médecine après qu'on lui ait diagnostiqué une maladie oculaire rarissime. Trop confidentiel, le film ne sortira même pas en France. Retour, avec Hors d'atteinte, au grand spectacle hollywoodien pour le réalisateur qui se sort la tête haute des volutes du film noir, fort bien revisité aussi grâce à l'interprétation de haute volée de George Clooney et Jennifer Lopez. Retrouvant les faveurs du public et des studios, Soderbergh revisite à nouveau le film noir avec le destructuré L'Anglais, collage baroque et proche du surréalisme, mettant en vedette Terence Stamp dans le rôle d'un Briton pure souche qui débarque dans l'enfer de LA pour venger la mort de sa fille, avant d'enchaîner sur Erin Brockovich, dans lequel Julia Roberts mène l'enquête au sein même de sa société, autour d'un scandale mettant en cause des déchets toxiques. Là encore, c'est banco pour le cinéaste, qui obtient un triomphe commercial grâce à l'interprétation de Julia Roberts (Oscar, Golden Globe et British Academy Award de la Meilleure actrice). Le cinéaste part ensuite en guerre contre un tout autre genre de trafic, celui de la drogue, avec Traffic, qui entrecroise les différents niveaux de la circulation des narcotiques entre le sud des Etats-Unis et le Mexique. Entre un casting d'enfer (Michael Douglas, Benicio Del Toro, Catherine Zeta-Jones, Albert Finney, Dennis Quaid...) et un scénario riche, documenté et à plusieurs entrées, le film remporte un nouveau triomphe commercial dans le monde entier (et quatre Oscars, dont celui du Meilleur réalisateur). Avec Ocean's Eleven, le jeune prodige de Hollywood qui semble désormais tourner sans prendre le temps de souffler, réunit à nouveau un casting d'acteurs hollywoodiens très en vogue – dont George Clooney, Matt Damon, Brad Pitt et Julia Roberts – pour une série de braquages des grands casinos de Las Vegas. C'est le remake de L'inconnu de Las Vegas, un film que Lewis Milestone réalisa en 1960. Un an après, Full frontal (ex-How to Survive a Hotel Room Fire) annoncé partout comme la suite non officielle de Sexe, mensonges et vidéo, réunit à nouveau, une fois n'est pas coutume, une belle brochette de stars : Julia Roberts, David Duchovny, Mary McCormack et Catherine Keener, pour cette gentille satire du microcosme hollywoodien, qui ne remplit pas les salles, faute de réel enjeu cinématographique. Fait courant chez les réalisateurs hollywoodiens, Soderbergh multiplie les casquettes et porte également celle de producteur et parfois d'acteur. Fait plus rare, il arrive qu'il soit son propre chef opérateur comme sur Schizopolis, Traffic, Ocean's eleven, Full frontal et encore aujourd'hui Solaris (sous le pseudonyme de Peter Andrews), l'adaptation d'un chef-d'œuvre litéraire de science-fiction, avec George Clooney dans le rôle principal. Ecrit en 1961 par Stanislaw Lem, ce roman est considéré par les spécialistes comme l'œuvre-lien entre science-fiction et littérature avec un grand L. Adapté une première fois en 1972 par le réalisateur soviétique Andreï Tarkovski, Solaris avait alors donné lieu à une fresque cinématographique de 3 heures. En la racourcissant, Soderbergh en garde surtout les grands questionnements métaphysiques qui avaient déjà connu les heurs de la science-fiction avec 2001, l'odyssée de l'espace. Mais c'est une autre histoire... Celle de Steven Soderbergh pourrait désormais passer par Ocean's Twelve, qui ne serait évidemment que la suite d'Ocean's eleven. comme tous les acteurs se disent prêts à rempiler, aucun problème de ce côté-là. Mais qui fera le douzième ?
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