Née en 1964 en Normandie, Valérie Lemercier est ce qu'on pourrait appeler une touche-à-tout. C'est à la télévision qu'elle fait ses premières armes, où, dans la série "Palace" de Jean-Michel Ribes, elle incarne Lady Palace, charmante donneuse de conseils pour clients fortunés. Puis une publicité la fait connaître de la France entière, son “C'est moi qui l'ai fait” vantant une marque de pâtisserie en kit résonnant encore dans toutes les mémoires. Le ton qui fera la gloire de Lemercier est né, celui d'une grande bourgeoise coincée dont le grand et paradoxal plaisir est d'asséner quelque hardie grossièreté entre deux pouffements. Un one-man-show suit dans la foulée, et le cinéma commence à la demander. Déjà cataloguée bourgeoise provinciale dans Milou en mai, de Louis Malle, elle le reste dans Opération Corned-beef et le très anecdotique Sexes faibles ! C'est son double rôle dans Les visiteurs, celui de Dame Frénégonde et de sa descendante déclassée, qui en fait une vedette de cinéma à part entière, même si la comédienne refusera de tourner le suite, parlant de “divergences d'opinion” avec les auteurs du film. On la reverra dans La cité de la peur, le film des Nuls, dans une scène mémorable (celle de la tasse de thé d'un mètre de diamètre), puis Gérard Jugnot lui fait changer de registre dans Casque bleu. Elle y incarne une jeune femme névrosée qui finit par se lancer dans l'humanitaire après avoir été prise dans la tourmente d'une guerre civile. Suit un petit rôle dans Sabrina, de Sydney Pollack, et, après avoir réalisé quelques publicités bien senties (les rasoirs Bic, où Eric Cantona prenait une douche protégé par un bonnet rose, ou les fausses bandes annonces pour le "Nouvel Observateur"), elle se lance dans le long métrage. Le résultat, Quadrille, remake du film de Sacha Guitry datant de 1937, est un honorable condensé des obsessions de la comédienne, entre couleurs flashy, musique pop sucrée et chassés-croisés plus torves qu'ils n'en ont l'air. Après avoir sorti un album de chansons composées par son mentor musical Bertrand Burgalat, Valérie se remet par la suite à l'écriture d'un nouveau spectacle, dont le triomphe au Theâtre de Paris sera sans appel, en dépit d'un fond plus noir qu'à l'accoutumée. Le derrière, co-écrit par sa sœur Aude, est le deuxième film de Valérie Lemercier, qui semble ne plus vouloir tourner que sous sa propre direction.
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